Singapor Sling

PREMIÈRES NOTES SUR « THOR LE TRADUCTEUR »

 

Tu as zéro confiance dans la stabilité du monde. C’est quand les choses sont à l’endroit que ça t’étonne. C’est quand tout marche comme prévu que tu es le premier surpris. Tu es Thor le Traducteur de Territoire. Pour toi l’univers est une série de fenêtres.

 

Le seul endroit où Thor se sent à l’aise c’est sur la brèche. Quand il est à deux doigts de tomber. Pendant la journée il peut circuler sur les places en ville et dans les champs à la campagne. Mais le soir il lui faut trouver un port – ou un aéroport – pour passer la nuit. Thor dort dans les paroles des autres. Dans le son des podcasts. Dans le bruit des vagues. Thor dort le long des falaises. Thor dort au bord du lit. Un bras pendant déjà dans l’avenir.

 

Annonce : « La Terre n’aura pas lieu »

 

Tous les ans, pour les solstices, Thor va se refléter dans un lieu-miroir. Une ville-lac où il a grandi. Il y en a deux trois comme ça dans le monde. Londres, New York, Nicosie. Il s’arrête juste avant d’arriver. Il s’arrête dans la périphérie. Il regarde la silhouette des bâtiments qui se découpe à l’horizon. Et il pleure et il se lamente. Et il s’arrache les cheveux pendant des heures. Jusqu’à la tombée du soir. Puis il repart à pied dans la nuit.

 

Thor aux Boucles d’Or

 

Annonce : « Laissez venir à moi les camionneuses, les dykes on bikes, les pétroleuses. Laissez venir à moi les garçons délicats. »

 

Thor traverse la fabrique du monde. De ses mains précises il ouvre les rideaux de l’air. Et son corps suit. Il marche d’un lieu à l’autre. De la France à l’Algérie. Du Bugue à Bab-El-Oued. Il dit : « Le secret pour passer les paysages c’est de ne pas avoir de vie intérieure. »